viernes, 19 de agosto de 2011

Londres en llamas (Ensayo de Mumia Abu-Jamal)


Mumia Abu-Jamal propone un ensayo presentando sus reflexiones sobre los disturbios de Inglaterra la semana pasada. Mumia, nombrado “la voz de los sin voces”, es un activista militantes sentenciado a muerte desde 1982 en EEUU.




Después de décadas de traición política del Partido Laborista y descarados ataques de los “Tories” (el Partido Conservador Británico) contra la clase obrera, surge una clase furiosa y rencorosa que ha sacudido lo que una vez fue el centro de un imperio global: Londres.
Los incendios se extienden en Birmingham, Croydon, Bristol, Liverpool y Tottenham, su mecha prendida por el mismo tipo de agresión que desató los estallidos de los años ‘60 y ‘90: la violencia policial ––esta vez empleada contra un padre de 20 años con cuatro hijos, Mark Duggan.
Pero aunque la violencia policial fue la chispa, esto no significa que fue la razón principal. Los años de recortes, desempleo, drásticas rebajas de oportunidades educativas y la mera mezquindad política hacia los pobres, los desposeídos, los migrantes y otros marginados, han dejado a muchísima gente con un amargo sabor en la boca ––especialmente en una ciudad convertida en el centro financiero de Europa, donde algunos viven una vida de exceso y abundancia.
Como era de esperar, los políticos se lanzaron sobre los micrófonos y espetaron frases que traen a la mente los pretextos de sus primos estadounidenses en poder en los '60s, o las justificaciones por la exoneración de los policías golpeadores de Rodney King, cuya salvaje paliza llevó a la quema del Sur de California en 1992.

"Son delincuentes, no más. ¡Esto no se trata de las condiciones sociales!"
"Son matones. ¡Son ladrones, nada más que eso!" (La última vez que me fijé, los ladrones no suelen incendiar los lugares que roban.)
Los incendios son intentos de destrucción, y punto.
Durante el tumulto de los años ‘60 el reverendo Dr. Martin L. King, Jr. dijo: "En su fondo, un disturbio es el lenguaje de los no escuchados”.
Hasta la fecha los que están en el poder en Inglaterra no han escuchado nada.
Desde el corredor de la muerte soy Mumia Abu-Jamal.

10 de agosto de 2011
Audio grabado por Noelle Hanrahan: www.prisonradio.org
Texto circulado por Fatirah Litestar01@aol.com
Traducción Amig@s de Mumia, México

London Calling (essai de Mumia Abu-Jamal)


Mumia Abu-Jamal propose un essai présentant ses réflexions sur les émeutes qui ont secoué l’Angleterre la semaine dernière. Mumia, surnommé « la voix des sans voix » est un activiste militant condamné à mort depuis 1982.
LONDON CALLING (Essai de Mumia Abu-Jamal)
Après des décennies de trahison politique du parti travailliste et l'effronterie des "Tories" (le Parti Conservateur Britannique) contre la classe ouvrière surge une classe furieuse pleine de rancœurs qui a secoué ce qui fut le centre de l'empire Global: Londres.
Les incendies se sont étendus à Birmingham, Croydon, Bristol, Liverpool et Tottenham, la mèche a pris par le même type d'agression qui avait suscité les explosions des années 60 et 90: la violence policière -- cette fois employée contre un père de 20 ans avec ces 4 fils, Mark Duggan.
Mais bien que la violence policière fût l'étincelle, cela ne signifie pas que ce fut la raison principale. Les années de coupures budgétaires, chômage, baisse drastique d'opportunité éducative, et la pire mesquinerie politique face aux pauvres, aux dépossédés, aux migrants et autres marginalisés, ont laissé beaucoup de gens avec une saveur amer dans la bouge, spécialement dans une ville converti en centre financier de l'Europe, où d'aucuns vivent une vie d'excès et d'abondance.
Comme nous pouvions l'attendre, les politiques se sont rués sur les microphones et ont débité des phrases qui apportent à l'esprit des prétextes que leur cousin américain au pouvoir dans les années 60, ou les justifications pour exonérer les policiers qui ont violenté Rodney King, dont la sauvage raclée avait amené à l'embrasement du sud de la Californie en 1992.

" Ce sont des délinquants, rien de plus. On ne parle pas des conditions sociales!"
" Ce sont des durs. Ce sont des voleurs, rien d'autre que ça!" (la dernière fois je me rendis compte, les voleurs ne brulent pas les lieux qu'ils volent).
Les incendies sont des tentatives de destruction. Point:!
Durant le tumulte des années 60 le révèrent Dr. Martin L. King, Jr, dit: "Dans le fond, un émeute est le langage de ceux que l'on écoute pas".
Jusqu'à aujourd'hui, ceux qui sont au pouvoir en Angleterre n'ont rien écouté!
Depuis le Couloir de la mort, c'est Mumia Abu-Jamal
10 Aout 2011.
Audio Gravé par Noelle Hanrahan www.prisonradio.org
Collectif de soutien fr: www.mumiabujamal.com

lunes, 15 de agosto de 2011

A 2 ans de la libération des paramilitaires fortes menaces contre les abejas

Le 12 aout, les membres de Civile Las Abejas avaient convoqué la Société Civile à un pèlerinage aboutissant à une conférence de presse, au siège de l’organisation : Actéal. Des centaines de personnes ont répondu présent à l’appel et ont ainsi marché de la communauté de Majomut jusqu’à Acteal, exigeant la justice et la fin de l’impunité dans le cas d’actéal. Il y a exactement 2 ans la Cour Suprême de Justice de la Nation avait décidé de libérer une vingtaine de paramilitaires, auteurs matériels massacre pour vice de forme dans la procédure !
Bien que le gouvernement ait officiellement empêché aux paramilitaires de revenir sur leur terre, ces derniers ont été vu à plusieurs reprise dans la municipalité de Chenalho, des rumeurs courent qu’ils se réorganiseraient pour se venger, cas par cas, de ceux qui les ont dénoncé et leur ont fait passer presque 10 ans derrière les barreaux.
Le communiqué de presse a été lu par Le Président de la table directive, et un rapport plus complet a été ajoutée par le président du centre des droits de l’homme Frayba.
Vous trouverez ci-dessous la traduction intégrale du communiqué.
Frères et sœur,
Aujourd'hui, 12 août 2011, nous nous trouvons une fois de plus réunis dans la terre Sainte d'Acteal pour dénoncer l'impunité qui couvre les assassins matériels et intellectuels de nos 45 frères et sœur, massacrées le 22 décembre 1997.
Aujourd'hui 12 août, alors que nous nous réunissons en ce lieu sacré, à Mexico DF, les députés et sénateurs cherchent la forme d'entériner la Loi de Sécurité Nationale qui légitimera les abus que commet l'armée contre les citoyens sous le prétexte de guerre contre le crime organisé. Malgré tout, le sang continue de couler dans cette guerre de Felipe Calderon, et aujourd'hui, comme tous les jours de ce sexennat, il continue d'apparaitre des morts de mort violente qui ont dépassé le chiffre de 40 milles victimes de la violence
Un jour comme aujourd'hui 12 aout, mais il y a deux ans, nous réunissions les survivant du massacre d'acteal et d'autres membres des Abejas face à ce qui devrait être la "grand maison de la justice du Mexique" mais qui ce jour se convertit en "Court Suprême d'Injustice de la Nation" à cause de la décision de ses ministres de libérer les paramilitaires qui étaient prisonniers pour être auteurs matériels du massacre d'Acteal
Aujourd'hui 12 aout, à lire les nouvelles du jour, nous nous rendons compte que différents organismes de gouvernement des Etats Unis ont pratiquement pris le contrôle des actions de la guerre contre les narco de Felipe Calderon, comme si nous n'étions plus un pays indépendant. Nous rejetons les déclarations des fonctionnaires civils et militaires des USA qui demandent que la guerre de Calderon se déplace à la "frontière sud" pour amener ici autant de morts et de chaos qu'elle a laissé dans le nord.
Toutes ces choses, nous l'avons dit de nombreuses fois, ne sont pas des cas isolés, et ne sont pas séparées entre elles. Dans nos communiqués de chaque 22 de chaque mois nous avons signalé la relation entre la guerre de contre-insurrection qu'a mené à bien le mauvais gouvernement de Ernesto Zedillo au Chiapas et la guerre soi-disant contre le narco que mène le mauvais gouvernement de Felipe Calderon dans tout le pays. Nous avons signalé et nous continuons à signaler aujourd’hui, la relation entre l'impunité que le gouvernement et la Court Suprême assurent pour les assassins d'Acteal et la violence qui aujourd'hui en ce jour, a rempli de sang et de douleur les rues et champs de notre pays et la vie de milliers de familles mexicaines!
Aujourd'hui nous voyons la confirmation de ce que nous avons dit dans les paroles du prophète d'Israel:
"Des choses épouvantables et horribles se passent dans nos terres et le peuple les tolèrent (Jeremiah 5,30): les chefs de la nation et les magistrats chargés de la justice rendent odieux les jugements et pervertissent tout ce qui est droit. Avec le sang ils édifient la nation et avec l'injustice ils construisent la ville. Leurs chefs jugent avec des pots de vins et leurs prêtres enseignent seulement pour leur salaire, et leurs prophètes prédisent pour l'argent...c'est pour ça que le pays s'est converti en une montagne de ruines (Miqueas 3;9-12) et les cadavres apparaitront comme des poubelles au milieu des rues (Isaias 5;25). C'est pour cela même que le Seigneur Dieu entra dans un fureur et permit que tombe sur nous la puissante nation du nord...brandissant leurs armes; ils sont cruels et n'ont pas de miséricorde (Jer.6,22-23).
Mais si une partie du peuple tolère par ignorance cette situation, nous écoutons leurs paroles "Je t'ai mis la tour comme une sentinelle au milieu de mon village. Connais et observes leur chemin (Jeremias 6.27) C'est pour ça que notre devoir est de garder la mémoire, faire naître la vie, allumer l'espoir à Acteal, car notre mission est de construire la justice, c'est pour cela qu'aujourd'hui, 12 aout, à deux ans de l'infamie qu'on fait les ministres de la Cour, nous mettons face à leur visages ces paroles du Prophète Jeremias:
« Comme des geôles remplies d'oiseau, ainsi sont leurs maisons pleine de fraude,. Ainsi vous avez réussi à être important et riches et on vous voit gros et solides . Vous avez aussi surpassé la moyenne du mal, car vous avis agit injustement, ne respectant pas le droit des orphelins ni défendant la cause des pauvres (Jer. 5,27-28)
Quel fut le cadeau des ministres de la Cour pour les orphelins d'Acteal? Son cadeau a été que les orphelins ont pu voir passer tranquillement face à eux, ceux qui tuèrent leur père et leur mère. Car les paroles de Sabines qui disait qu'il ne permettrait pas aux paramilitaires qu'ils retournent à Chenalho, ne furent que des paroles, pas des faits, car nous l'avons vu ils marchent libres dans nos communautés, ceux-là même qui ont reçu des prix pour leur action criminels avec des terres et des maisons dans d'autres municipalités soi-disant pour qu'ils ne reviennent pas à Chenalho. C'est une moquerie jusqu'au sang de nos frères lorsque nous voyons ici les responsables du massacre marchant tranquillement sans se rappeler de leur crime. Et toujours, non sans cynisme, ils disent qu'ils sont innocents, et que le jour du massacre ils étaient ailleurs et disent que nous sommes des menteurs.
Un écrivain dit que le pire des crimes c'est quand l'Etat permet l’impunité, car avec ça, il donne un message à tous les criminels, vous pouvez violer la loi il ne se passera rien. Cela, nous l'avons vu très clairement avec les paramilitaires qui ont assassiné nos frères et sœurs à acteal mais aussi c'est très claire avec la situation actuelle de violence qui sera incontenable tant que le Mexique ne fera pas justice. Quand les paramilitaires étaient en prison, et quand nous faisions des confrontations avec eux, ils nous menaçaient que lorsqu'ils seraient libre, ils verraient comment se venger de nous. Aujourd'hui c'est pire car non seulement ils savent qu'ils ne seront pas punis sinon que mieux, ils recevront des récompensent pour leur travail d'assassins. Aujourd'hui il y a une forte préoccupation car nous avons entendu des rumeurs de la part des paramilitaires libérés, qui vont voir comment ils vont nous tuer, mais ils ne vont pas faire un massacre multiple, sinon ils veulent nous tuer un par un par des embuscades. Car ils ont vu qu'un massacre comme celui d'acteal, la Société Civile se lève et a un cout politique très grave. C'est pour ça qu'ils disent qu'il est préférable tuer un par un. Cela peut se dérouler si le mauvais gouvernement continue d'agir comme maintenant. Car les armes nous le savons continuent de rester cachées ici. Nous pensons que les paramilitaires peuvent être capable de nous agresser, car ils ont vu que tuer et servir le pouvoir et l'état permet d'obtenir la libération, l'argent, des maisons et des terres, ainsi qu'une totale impunité. Pour désactiver ces menaces, si le gouvernement va continuer à appliquer l'impunité, qu'il respecte au moins ce qu'il a dit et que les paramilitaires retournent dans leurs terre que leur a acheter Sabines et qu'ils arrêtent de passer impunément à Chenalho.
Le jour d'aujourd’hui nous nous sommes réunis car c'est le deuxième anniversaire de la libération des auteurs matériels du massacre d'Acteal, mais d'aucune manière nous oublierons que le plus important, ce sont les auteurs intellectuels du massacre, et les raisons de fonds pour lesquels le gouvernement a réalisé une action criminelle aussi horrible. Nous n'oublierons jamais que la massacre d'Acteal a eu lieu dans un contexte de Guerre de Contre insurrection, dans le cadre de la guerre de Basse Intensité contre les peuples organisés, qui exigeaient le respect des Accords de San Andrés et la Défense de nos terres, territoires et ressources naturelles des mains du néolibéralisme et capitalisme. Le gouvernement d'Ernesto Zedillo et le gouverneur du Chiapas à ce moment Julio Cesar Ruiz Ferro, ont formé des groupes paramilitaires qui se sont chargés de déstabiliser, la coexistence pacifique des communautés et mettre la terreur dans les communautés organisées et critiques face à) un système oppresseur et répressif. Et cela c'est la vraie cause du massacre d'Actéal.
Le mauvais gouvernement a ses faux prophètes qui prédisent pour l'argent et leur prêtre qui le servent pour un salaire, comme ils ont dénoncé les vrais prophètes d'Israel. Ces faux prophètes sont ceux qui ont essayé de réécrire l'histoire d'Acteal, dépensant beaucoup d'argent dans leur propagande écrite et audiovisuelle comme l'ont fait les avocats du CIDE, Hector Aguilar Camin, Manuel Ansaldo Meneses, (leader paramilitaire de l'ex Parti du Front Cardeniste), les ministres de la SCJN et les moyens de communications achetés par l'Etat. Jusqu'à une fondation espagnole qui a remis à Ernesto Zedillo une récompense soi-disant pour sa "vision humaine". Ainsi la vérité est piétinée, les criminels sont récompensés alors qu'on se moque des droits des victimes. Mais à eux tous nous leurs disons qu'avec nous les mensonges ne passeront pas. Car sur leur mensonge triomphe la vérité qui est de notre côté. C'est la vérité du peuple qui lutte, celle des victimes et des opprimés. C'est la vérité que nous ne laisserons pas enterrée, jusqu'à ce que l'on puisse maintenir vive notre mémoire.
Et pour rafraîchir la mémoire, nous vous offrons la liste des noms de l'infamie, de ceux qui ont été auteurs intellectuels du massacre d'Acteal:
1. Ernesto Zedillo Ponce de León ex président du Mexique
2. Emilio Chuayffet Chemor, ex ministre du gouvernement
3. Gral. Enríque Cervantes Aguirre, ex ministre de la défense nationale
4. Julio César Ruiz Ferro, ex gouverneur du Chiapas
5. Homero Tovilla Cristiani, ex ministre du gouvernement du Chiapas
6. Uriel Jarquin Galvez, ex sous ministre du gouvernement du Chiapas
7. Jorge Enríque Hernández Aguilar, ex Ministre Exécutif du Conseil de Sécurité
8. David Gómez Hernández, ex sous procureur de la Justice Indigène
9. Antonio Pérez Hernández, ex ministre de SEAPI
10. Gral. Mario Renán Castillo, Commandant de la 7eme Région Militaire
Ces personnes sont responsables de crime de lèse humanité commis à Actéal. Ce sont des hommes qui représentent la honte du Mexique. Pour cela ils doivent être punis et d'aucune manière ils ne devraient occuper des fonctions publiques, car ils ont une dette avec le peuple chiapanèque et du Mexique
Les journées d'actions que nous réalisons pour la justice et la vérité ne sont pas des campagnes avec des intérêts politiques et démagogiques, sinon ce sont des demandes indispensables pour finir avec l'impunité et démontrer à l'état que nous ne permettrons pas ATROPELLOS et crimes contre les peuples organisés. Si nous ne faisons rien aujourd’hui la violence, l'injustice, l'impunité règnera dans nos communautés, dans notre nation.
Compagnons et compagnes, peuples et nations, nous vous demandons de vous unir à nos demandes:
- Castigo aux auteurs intellectuels du massacre d'Actéal
- Fin de la libération massive des paramilitaires prisonniers dans la prison el Amate, Chiapas
- Castigo aux auteurs matériels du massacre d'Actéal.
Et pour notre part, nous nous unissons aussi aux demandes du Mouvement Paix avec Justice et Diginité:
- Fin de l'impunité
- Halte à la guerre de Felipe Calderon
- Non à la loi de Sécurité Nationale qui institutionalise la violation des garanties constitutionnelles par la force publique
- Halte à la militarisation.
La voix de l'organisation Société Civile "Las Abejas".

Discours de Ivan Illich "Au diable les bonnes intentions".



Discours d’Ivan Illich prononcé à la Conférence sur les projets étudiants interaméricains, le 20 avril 1968

Ivan Illich
On n’en finit plus de vouloir « aider les pauvres » [1]. Le texte de Raúl Zibechi publié dans les deux derniers numéros était consacré aux programmes de « lutte contre la pauvreté » de la Banque mondiale [2]. Dans ce texte, version écrite d’un discours prononcé en 1968, Ivan Illich [3] s’adresse aux étudiants états-uniens qui partent, le temps d’un été, « aider les pauvres » de l’autre côté du Río Grande et propose une critique radicale du contexte et des effets de ce type d’initiatives. [4]

Ce discours a été prononcé le soir du samedi 20 avril 1968 au séminaire de St. Mary’s Lake of the Woods à Niles, dans la banlieue de Chicago (Illinois). Monseigneur Illich avait été invité à présenter un exposé lors de la Rencontre régionale pour le Midwest américain de la CIASP (Conférence sur les projets étudiants interaméricains). De nombreux intervenants avaient été invités à la Conférence qui était aussi ouverte à toutes les autres régions de la CIASP – les 3 autres régions états-uniennes et le Canada – ainsi qu’au public.

Cette version du discours a été scannée de la polycopie d’origine distribuée aux conférenciers le lendemain. Ce document était le texte dactylographié du discours prononcé par Monseigneur Illich. Un enregistrement audio montre que le conférencier est resté fidèle au texte écrit lors de son allocution. Ivan Illich avait préparé un discours à Cuernavaca, avant de partir pour Chicago, il ajouta quelques remarques introductives après avoir passé un après-midi à suivre des sessions et à rencontrer des membres de la CIASP. Il rédigea ainsi une brève introduction et modifia le texte de sa présentation originale. On fait souvent référence à ce discours comme ayant été prononcé à Cuernavaca, au Mexique, mais c’est une erreur, comme différents éléments du texte le montrent. [5]
Au cours des conversations que j’ai eues aujourd’hui, deux choses m’ont marqué, dont je veux vous faire part avant de me lancer dans l’allocution que j’ai préparée.
J’ai été marqué par le constat que vous dressez, selon lequel la motivation des volontaires états-uniens à l’étranger repose essentiellement sur des sentiments et des concepts très aliénés. J’ai également été marqué par ce que je considère comme un progrès chez des volontaires en puissance comme vous : votre ouverture à l’idée que la seule chose pour laquelle vous pouvez légitimement être volontaire en Amérique latine pourrait être l’impuissance volontaire, la présence volontaire en tant que bénéficiaires, des bénéficiaires aimés ou adoptés, il faut le souhaiter, sans aucun moyen de rendre le don reçu.
J’ai aussi été marqué par l’hypocrisie de la plupart d’entre vous, l’hypocrisie générale qui règne ici. Je vous le dis comme un frère parlant à ses frères et sœurs. Je le dis malgré de nombreuses résistances à l’intérieur de moi. Mais cela doit être dit. Votre perspicacité même, et votre ouverture à une évaluation des anciens programmes, vous condamnent à l’hypocrisie parce que vous – du moins la majorité d’entre vous – avez décidé de passer l’été prochain au Mexique et, pour cette raison, vous vous refusez à une vraie remise en question de votre programme. Vous fermez les yeux parce que vous voulez aller jusqu’au bout de votre projet, ce que vous ne pourriez faire si vous regardiez certains faits en face.
Il est probable que cette hypocrisie est inconsciente chez la plupart d’entre vous, sinon chez tous. J’en suis sûr. Intellectuellement parlant, vous êtes prêts à admettre que les motivations qui pouvaient justifier l’action des volontaires à l’étranger en 1963 ne peuvent être invoquées pour la même action en 1968-1969. Au début de la décennie, les « missions de vacances » auprès des pauvres Mexicains étaient LA chose à faire pour les étudiants états-uniens aisés : la préoccupation qu’ils ressentaient par sentimentalisme pour la pauvreté nouvellement découverte au sud de la frontière, parallèlement à une cécité totale à l’égard de la pauvreté bien pire régnant dans leur pays, justifiait ces excursions de bienfaisance. Les propos tenus par des intellectuels sur les difficultés qui vont de pair avec une action fructueuse des volontaires n’avaient pas refroidi les ardeurs des volontaires du Corps de la paix [6], du Pape ou autoproclamés.
De nos jours, l’existence d’organisations comme la vôtre est offensante pour le Mexique. C’est une déclaration que je tenais à faire pour vous expliquer mon écœurement à propos de tout cela et pour que vous compreniez que les bonnes intentions n’ont pas grand rapport avec notre sujet d’aujourd’hui. Au diable les bonnes intentions. C’est une affirmation théologique. Vous n’aiderez jamais personne avec vos bonnes intentions. Un dicton irlandais dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions ; c’est la même idée théologique.
J’aurais modifié ma communication, surtout le style, si j’avais eu à ma disposition cinq heures pour discuter avec vous. J’aurais été moins brutal mais encore plus affirmatif dans mon propos. Je ne peux rien changer maintenant parce que je ne maîtrise pas suffisamment l’anglais pour modifier le fil de mon discours et rester intelligible malgré tout.
Avant de vous lire ma communication, je voudrais vous dire autre chose. Au cours de cette journée, j’en suis venu à croire dans la survie de la CIASP. En venant ici, je considérais de mon devoir de poursuivre mes efforts pour vous faire abandonner. Je vois maintenant qu’il y a trop d’argent et d’intérêts en jeu, trop d’illusions derrière la CIASP, pour que cette organisation puisse disparaître. Nous devons donc nous demander quoi faire de la CIASP puisqu’elle ne peut mourir. J’en suis venu à la conclusion que, assez logiquement, il y a quelques personnes qui pourraient mettre à profit l’expérience acquise par la CIASP ces dernières années et créer une sorte d’organisme d’enseignement pour permettre à des étudiants nord-américains de vivre au Mexique. J’entends vivre avec un grand « V », vivre au sens biblique pendant un mois au Mexique, en ayant pleinement conscience des limites d’une telle expérience, des illusions narcissiques que ce genre de rencontre risque de provoquer, mais VIVRE dans le pays. Rien ne me prouve que la CIASP devrait ou pourrait collectivement jouer ce rôle dans l’avenir parce qu’elle pourrait être trop marquée par ses péchés de jeunesse, qui ne sont pas reconnus par vous comme des péchés mais considérés plutôt comme de simples défauts. Je ne pense pas qu’une vraie conversion soit possible, sauf à se dire : « Ce n’était pas un malentendu, je me suis trompé. Je me suis laissé entraîner dans l’organisation et la première mouture de la CIASP par un orgueil profondément ancré, la croyance en ma supériorité, ma conviction que j’avais quelque chose à donner ». Je ne pense pas qu’une conversion soit possible pour toute une organisation, mais je pense qu’elle est possible pour un petit nombre d’individus.
Certains d’entre vous pourraient encore mettre à profit l’expérience acquise par la CIASP et à travers elle. Le sentiment même de déception et d’humiliation qu’une participation aux programmes de la CIASP vous a peut-être laissé pourra vous faire prendre conscience d’une chose : que même les Nord-Américains peuvent être amenés à recevoir le don d’hospitalité sans aucun moyen de le rendre, et que pour certains dons il est même impossible de dire « merci ».
J’en viens maintenant à l’allocution que j’ai préparée.

Mesdames, Messieurs,
Au cours des six années écoulées, je me suis fait connaître par mon opposition croissante à la présence de tout « bon Samaritain » nord-américain en Amérique latine. Vous êtes sans doute au courant des efforts que je mène pour obtenir le retrait d’Amérique latine de toutes les armées de volontaires nord-américains : missionnaires, membres du Corps de la paix et groupes tels que le vôtre, qui est un « bataillon » formé pour procéder à une invasion bien intentionnée du Mexique. Vous connaissiez tout cela quand vous m’avez invité – entre tous les autres gens – en tant qu’orateur principal de votre congrès annuel. Incroyable ! Je peux seulement en conclure que votre invitation signifie l’une d’au moins trois choses :
Certains d’entre vous pourraient être arrivés à la conclusion que la CIASP devrait être carrément dissoute, ou bien éliminer de son programme d’action officiel le développement de l’aide des volontaires au Mexique. Par conséquent, vous pourriez m’avoir invité pour aider les autres à prendre cette décision.
Vous pourriez aussi m’avoir invité parce que vous voulez savoir comment faire avec les gens qui pensent comme moi, comment contester leurs arguments avec succès. Il est devenu assez courant d’inviter des porte-parole du Black Power aux réunions des Lions Clubs. Il faut toujours qu’une « colombe » participe aux débats publics organisés pour accroître la belligérance états-unienne.
Et enfin vous pourriez m’avoir invité dans l’espoir de tomber d’accord avec la plupart de mes propos, pour ensuite poursuivre votre projet de bonne foi et travailler cet été dans des villages du Mexique. Cette possibilité n’est envisageable que pour ceux qui ne savent pas écouter, ou qui ne peuvent me comprendre.
Je ne suis pas venu ici pour me disputer avec vous. Je suis ici pour vous demander, vous convaincre si possible et, je l’espère, vous arrêter d’imposer prétentieusement votre présence aux Mexicains.
J’ai énormément confiance dans l’immense bonté du volontaire états-unien. En revanche, sa bonne foi ne peut généralement s’expliquer que par un manque abyssal d’intuition et de délicatesse. Par définition, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous transformer finalement en représentants commerciaux en vacances de l’« American Way of Life » de classe moyenne, puisque c’est en fait la seule vie que vous connaissez.
Un groupe comme celui-ci n’aurait pu se développer sans la croyance qui prévaut aux États-Unis selon laquelle tout bon États-Unien qui se respecte doit partager les bienfaits de Dieu avec les pauvres. L’idée que chaque États-Unien a quelque chose à donner, quelque chose qu’à tout moment il pourrait, il peut et il doit donner, explique que des étudiants en soient venus à penser qu’ils pourraient aider les paysans mexicains à « se développer » en passant quelques mois dans leurs villages.
Naturellement, ils ont été confortés dans cette étonnante conviction par les membres d’un ordre missionnaire qui n’auraient aucune raison d’exister s’ils ne partageaient la même conviction, mais à un degré beaucoup plus fort. Il est maintenant grand temps de vous guérir de cela. Comme les valeurs que vous portez, vous êtes le produit d’une société états-unienne de gagnants et de consommateurs, avec son système bipartite, son école universelle, et son abondance de voitures familiales. En fin de compte, consciemment ou inconsciemment, vous vous comportez en « représentants de commerce » venus avec l’illusion de promouvoir les idées de démocratie, d’égalité des chances et de libre entreprise parmi des gens qui ne peuvent profiter de ces droits.
Après l’argent et les armes, le troisième poste d’exportation de l’Amérique du Nord est l’idéaliste états-unien, qu’on retrouve dans tous les coins du monde : l’enseignant, le volontaire, le missionnaire, l’animateur social, l’agent de développement économique, et le bon Samaritain en vacances. Dans le meilleur des cas, ces gens se définissent comme les fournisseurs d’un service. En réalité, leur rôle se réduit fréquemment à atténuer les dommages provoqués par l’argent et les armes, ou à faire miroiter aux populations « sous-développées » les bienfaits du monde de l’opulence et de la réussite. Au lieu de cela, peut-être le moment est-il venu, de retour au pays, d’enseigner à la population des États-Unis que le modèle de vie qu’elle a choisi n’est tout simplement pas assez vivant pour être partagé.
À l’heure qu’il est, toute l’Amérique devrait se rendre compte que les États-Unis sont engagés dans une formidable lutte pour survivre. Les États-Unis ne peuvent survivre si le reste du monde n’est pas convaincu qu’ici c’est le paradis sur Terre. La survie des États-Unis exige que tous les êtres humains dénommés « libres » reconnaissent que la classe moyenne états-unienne « a réussi ». Le mode de vie états-unien est devenu une religion que doivent accepter tous ceux qui ne veulent pas mourir au fil de l’épée ou sous les bombes au napalm. À travers le monde, les États-Unis s’évertuent à protéger et développer au moins une minorité qui consomme ce que la majorité des États-uniens peuvent s’offrir. Tel est le but de l’Alliance pour le progrès des classes moyennes [7] que les États-Unis ont signée avec l’Amérique latine il y a quelques années. Mais, de plus en plus, cette alliance commerciale doit être protégée par les armes de manière que la minorité « qui réussit » puisse préserver ses possessions et ses acquis.
Mais les armes ne sont pas suffisantes pour que le règne de la minorité puisse exister. Les masses marginales deviennent remuantes sauf si on leur donne un « credo » ou croyance qui explique le statu quo. Cette tâche est confiée au volontaire états-unien, qui peut être un membre de la CIASP ou un travailleur des dénommés « programmes de pacification » au Vietnam.
Les États-Unis sont actuellement engagés sur trois fronts pour défendre les idéaux d’une « démocratie » fondée sur l’accumulation et la réussite. Je dis « trois » fronts parce que, à trois endroits importants de la planète, est contestée la validité d’un système politique et social qui rend les riches toujours plus riches et qui marginalise de plus en plus les pauvres.
En Asie, les États-Unis sont menacés par une puissance établie, la Chine. Ils s’opposent à elle avec trois armes : les petites élites asiatiques qui ne pourraient rêver mieux que d’une alliance avec les États-Unis ; une énorme machine de guerre pour, selon l’on dit en général ici, empêcher les Chinois de « prendre le contrôle » de la région ; et la rééducation par la force des populations dites « pacifiées ». Or ces trois combats semblent en passe d’échouer.
À Chicago, les fonds de lutte contre la pauvreté, les forces de police et les prédicateurs ne sont apparemment pas plus heureux dans les efforts qu’ils déploient face au refus de la communauté noire d’attendre d’être intégrée gracieusement au système.
Enfin, en Amérique latine, l’Alliance pour le progrès a assez bien réussi à gonfler les rangs des personnes aisées – c’est-à-dire des petites élites de la classe moyenne –, et elle a créé des conditions idéales pour les dictatures militaires. Les dictateurs, autrefois au service des planteurs, protègent aujourd’hui les nouveaux complexes industriels. Et vous, finalement, venez aider les opprimés à accepter leur destin dans ce processus !
Tout ce que vous ferez dans un village mexicain, c’est provoquer des troubles. Au mieux, vous pourrez essayer de convaincre de jeunes Mexicaines d’épouser un jeune homme qui s’est fait tout seul, riche, consommateur, et aussi irrespectueux de la tradition que vous l’êtes. Au pire, dans votre volonté de « développement communautaire », vous pourriez créer suffisamment de problèmes pour que quelqu’un se fasse tuer à la fin de vos vacances, avant que vous ne rentriez en courant dans vos quartiers de classe moyenne, où vos amis font des blagues sur les bronzés [8] et les sans-papiers [9].
Quand vous commencerez votre tâche, vous n’aurez reçu aucune formation. Même le Corps de la paix consacre environ 10 000 dollars à chacun de ses volontaires pour l’aider à s’adapter à son nouvel environnement et pour le protéger du choc culturel. Il est curieux que personne n’ait jamais songé à prévoir un budget pour éduquer les pauvres Mexicains afin de les prémunir contre le choc culturel que représente la rencontre avec vous.
En fait, vous ne pourrez même pas rencontrer la majorité que vous prétendez servir en Amérique latine ; il faudrait déjà que vous parliez sa langue, ce qui n’est pas le cas de la plupart d’entre vous. Vous ne pourrez dialoguer qu’avec des gens comme vous, des imitations latino-américaines de la classe moyenne états-unienne. Il n’y a aucun moyen pour vous de vraiment rencontrer les défavorisés, puisqu’il n’y a pour absolument aucune base commune sur laquelle fonder la rencontre.
Permettez-moi d’expliquer mes dires et permettez-moi aussi d’expliquer pourquoi la plupart des Latino-Américains avec qui vous réussiriez peut-être à communiquer seraient en désaccord avec moi.
Supposons que vous alliez dans un ghetto des États-Unis cet été pour aider les pauvres à « se prendre en mains ». Très rapidement, on vous cracherait dessus ou bien on rirait de vous. Des gens qui se seraient sentis blessés par votre suffisance pourraient vous frapper ou cracher sur vous. D’autres gens, comprenant que votre mauvaise conscience vous a conduits à faire cette bonne action, riraient de vous avec condescendance. Vous vous apercevriez bientôt que votre présence parmi les pauvres est incongrue, vous, étudiants des classes moyennes missionnés pour l’été. Vous seriez carrément rejetés, que votre peau soit blanche – comme l’est celle de la plupart d’entre vous –, ou bien brune ou noire, comme pour les quelques exceptions parvenues ici d’une manière ou d’une autre.
Vos rapports sur votre séjour au Mexique, que vous avez eu l’amabilité de m’envoyer, transpirent l’autosatisfaction. Vos rapports de stage des étés passés prouvent que vous ne comprenez même pas que votre bonne action dans un village mexicain est encore moins pertinente que dans un ghetto des États-Unis. Non seulement le fossé entre ce que vous possédez et ce que possèdent les autres est beaucoup plus grand que celui qui existe entre vous et les pauvres de votre propre pays, mais il y a aussi entre ce que vous sentez et ce que les Mexicains sentent un fossé incomparablement plus grand. Ce fossé est tellement énorme que dans un village mexicain vous, en tant qu’États-Uniens blancs (ou États-Uniens de culture blanche), pouvez avoir une image de vous-mêmes, et, de fait, vous l’avez, qui est la même que celle qu’avait un prédicateur blanc qui consacrait sa vie à prêcher devant les esclaves noirs d’une plantation de l’Alabama. Le fait de vivre dans des huttes et de manger des tortillas pendant quelques semaines donne un côté encore plus pittoresque à votre groupe pétri de bonnes intentions.
Les seules personnes avec qui vous pouvez espérer communiquer sont certains membres de la bourgeoisie. Et notez bien que j’ai dit « certains » membres ; j’entends par là une petite élite de l’Amérique latine. Vous venez d’un pays qui s’est industrialisé tôt et qui a réussi à intégrer la grande majorité de ses habitants aux classes moyennes. Aux États-Unis, le fait d’avoir suivi des études supérieures ne vous distingue pas de vos concitoyens. En effet, aujourd’hui, la plupart des États-uniens sont dans ce cas. Toute personne de ce pays qui n’a pas terminé ses études secondaires passe pour défavorisée.
En Amérique latine, la situation est assez différente : 75% des gens abandonnent l’école avant d’entrer dans le secondaire. Par conséquent, les gens qui sortent du lycée représentent une petite minorité. Ensuite, une minorité de cette minorité poursuit ses études à l’université. C’est uniquement parmi elle que vous trouverez des gens ayant un niveau d’études équivalent au vôtre.
Par ailleurs, aux États-Unis, la bourgeoisie représente la majorité. Au Mexique, il s’agit d’une toute petite élite. Il y sept ans, votre pays a commencé à financer ladite « Alliance pour le progrès ». C’était une « alliance » pour le « progrès » au sens des élites de la classe moyenne. C’est parmi les membres de cette classe moyenne que vous trouverez quelques personnes disposées à perdre leur temps avec vous. Et ce sont très majoritairement ces « gens bien » qui aimeraient aussi apaiser leur conscience tourmentée « en faisant quelque chose pour améliorer le sort des Indiens pauvres ». Naturellement, quand vous vous trouverez avec vos homologues mexicains de la classe moyenne, ils vous diront que vous faites quelque chose d’important, que vous vous « sacrifiez » pour aider les autres.
Et ce sera le prêtre étranger qui vous confortera plus spécialement dans l’image que vous avez de vous-mêmes. Après tout, son gagne-pain et la motivation qui l’anime sont liés à sa foi inébranlable en la valeur d’une mission qui dure toute l’année, et de même nature que la mission qui est la vôtre pendant vos vacances d’été.
D’aucuns prétendent que certains volontaires de retour chez eux ont pris conscience du mal qu’ils ont fait à autrui, et qu’ils ont ainsi gagné en maturité. Mais on dit moins souvent que la plupart d’entre eux sont ridiculement fiers de leur « sacrifice de l’été ». Peut-être y a-t-il aussi quelque chose de vrai dans l’argument que les jeunes hommes devraient avec une vie sexuelle très libre pendant un temps afin de découvrir que l’amour physique est plus beau dans une relation monogame ? Ou que le meilleur moyen de renoncer au LSD est de l’essayer pendant un temps ? Ou même que, pour comprendre que votre aide dans le ghetto n’est ni nécessaire ni souhaitée, le meilleur moyen est d’essayer, et d’échouer ? Je ne suis pas d’accord avec ce genre de raisonnement. Le mal fait par les volontaires, consciemment ou non, est un prix trop élevé pour la découverte tardive qu’ils n’auraient en fait jamais dû être des volontaires.
Évidemment, pour ceux d’entre vous qui partez en ayant pleine conscience que vous utilisez une organisation pour des vacances tous frais payés – et je suis sûr que ceux-là sont peu nombreux – ma façon de penser vous échappera complètement puisque votre véritable objectif repose sur une tromperie. Si vous avez un tant soit peu le sens des responsabilités, occupez-vous des émeutes de votre pays. Activez-vous pour les prochaines élections. McCarthy pourrait perdre. Mais ce qu’il y a de sûr, c’est qu’en militant pour lui, vous saurez ce que vous faites, pourquoi vous le faites, et comment il faut vous adresser à votre public. Et vous saurez si vous avez échoué. Si vous tenez vraiment à travailler auprès des pauvres, si telle est votre vocation, travaillez au moins auprès des pauvres qui sont susceptibles de vous envoyer au diable. Il est profondément injuste de vous imposer dans un village où vous êtes à ce point autistes que vous ne comprenez même pas ce que vous faites, ni ce que les gens pensent de vous. Et vous vous faites beaucoup de tort à vous-mêmes en vous disant que vous allez accomplir une « bonne action », vous « sacrifier », « aider votre prochain ».
Je suis ici pour vous suggérer de renoncer de vous-mêmes à exercer le pouvoir que vous confère votre qualité de citoyens des États-Unis. Je suis ici pour vous demander instamment d’abandonner librement, humblement et en toute conscience le droit que vous confère la loi d’imposer votre bonté au Mexique. Je suis ici pour vous mettre au défi de reconnaître votre inaptitude, votre impuissance et votre incapacité à faire une « bonne action » comme vous en aviez l’intention.
Je suis ici pour vous demander instamment de profiter de votre argent, de votre statut et de votre niveau d’instruction pour voyager en Amérique latine. Venez pour regarder, venez pour escalader nos montagnes, pour admirer nos fleurs. Venez pour étudier. Mais, par pitié, ne venez pas pour aider.

- Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 3157.
- Traduction de Gilles Renaud pour Dial.
- Source (anglais) : AlterInfos - América latina, 28 juin 2011, à partir du texte publié sur le site de la CIASP canadienne.
(Dial - http://enligne.dial-infos.org) et

http://www.dial-infos.org/alterinfos/spip.php?article4973

Notes

[1] Voir DIAL 3049 - « ARGENTINE - Aider les « pauvres » ou apprendre d’eux ?.
[2] Sur cette question, voir aussi : Bruno Lautier, Bruno, « Pourquoi faut-il aider les pauvres ? Une étude critique du discours de la Banque mondiale sur la pauvreté », Tiers-Monde, vol. 43, n° 169, 2002, p. 137-165. En ligne : http://www.persee.fr/web/revues/hom....
[3] Ivan Illich (1926-2002), né à Vienne, en Autriche, vivra au Mexique, à Cuernavaca, de 1961 à 1976, où il était directeur du Centre interculturel de documentation (CIDOC) de 1966 à 1976.
[4] Dans cette série de textes critiques de la notion de développement, Dial a déjà publié les textes suivants : DIAL 3129 - « Au-delà du développement » ; 3133 - « MEXIQUE - Tepito : histoires d’un barrio du centre ville de Mexico », 3137 - « « Quand la misère chasse la pauvreté » : entretien avec Majid Rahnema », 3141 - « L’invention du développement », 3145 - « Être comme eux », 3149 - « La « lutte contre la pauvreté » comme contre-insurrection, première partie », 3153 - « La « lutte contre la pauvreté » comme contre-insurrection, seconde partie ».
[5] Ces précisions sont données par l’éditeur ou l’éditrice de la version du discours publiée sur le site de la CIASP canadienne – note DIAL.
[6] « Peace Corps » en anglais – note DIAL.
[7] L’Alliance pour le Progrès – c’est Illich qui ajoute « pour les classes moyennes » –, qui prévoit des dispositifs d’aide économique, a été créée en 1961 par le président des États-Unis John F. Kennedy pour renforcer la coopération entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud – note DIAL.
[8] « Spics » est un nom péjoratif faisant référence aux Latin@s – note DIAL.
[9] L’auteur utilise le nom « wetbacks » (« dos mouillés »), qui fait référence aux immigrants ayant franchi illégalement la frontière, souvent en traversant à la nage le Río Grande – note DIAL.

Discurso de Ivan Illitch "Al diablo con las buenas intenciones"



Discurso de Ivan Illich frente al CIASP (Conference on InterAmerican Student Projects) en Estados Unidos.
"En las conversaciones sostenidas hoy, me impresionaron dos cosas que quiero comentarles antes de presentarles mi discurso preparado: Me impresionó que reconocieran que la motivación de los voluntarios estadounidenses en otros paises proviene en su mayor parte de sentimientos y conceptos muy alienados. De igual manera, me impresionó por lo que llamo un paso hacia adelante entre los que quieren ser voluntarios como ustedes: están abiertos a la idea de que lo único por lo que se puede ser voluntario en America Latina es la falta de poder voluntaria, presencia voluntaria como receptores y como tales esperamos que esten amados o adoptados, sin ninguna posibilidad de regresar el regalo.
Me impresionó también la hipocresía de la mayoría de ustedes: la hipocresía de la atmósfera que domina aquí. Lo digo como un hermano que habla con sus hermanos y hermanas. Lo digo contra mucha resistencia dentro de mi mismo, pero se debe decir. Su conocimiento, su estar abierto a las evaluaciones de los programas del pasado, los convierte en hipócritas dado que (la mayoría de) ustedes ha decidido pasar el próximo verano en México y, por ello, no están dispuestos a explorar lo suficiente respecto a la reevaluación de su programa. Cierran los ojos porque quieren seguir adelante y no lo podrían hacer si se fijaran en algunos detalles. Es posible que esta hipocresía es inconsciente en la mayoría de ustedes. Intelectualmente están listos para reconocer que las motivaciones que pueden haber legitimado las acciones de voluntarios fuera de los Estados Unidos en el 63, no pueden ser invocados para la misma acción en el 68. El comienzo de la década, para los estudiantes estadounidenses bien situados las 'vacaciones con missión' entre mexicanos pobres era 'la' cosa que había que hacer: la preocupación sentimental por la recien descubierta pobreza al sur de la frontera, combinada con una ceguera total frente a la pobreza mucho peor en casa justificaban tales excursiones benevolentes. El conocimiento intelectual de las dificultades de una acción voluntaria fructífera no había desilusionado al espíritu de los Cuerpos de Paz Voluntarios al estilo papal o con estilo propio. Hoy en día, la existencia de las organizaciones como la vuestro es una ofensa para México.
Quería hacer esta declaración para explicar porqué me siento mal acerca de ello y para despertar su consciencia acerca de que las buenas intenciones no tienen mucho que ver con lo que estamos discutiendo aquí. Al infierno con las buenas intenciones. Este es una declaración teológica. Con sus buenas intenciones no ayudarán a nadie. Hay un dicho irlandés que reza que el camino al infierno está pavimentado con buenas intenciones.
La frustración que la participación en los programas CIASP puede significar para ustedes podría llevarlos a nuevos conocimientos: que los mismos estadounidenses pueden recibir el regalo de la hospitalidad sin la menor capacidad de pagar por ella, ó el conocimiento que para algunos regalos ni siquiera se puede decir "gracias".
Ahora paso a mi disurso preparado.
Señoras y Señores, durante los últimos seis años me he hecho famoso por mi creciente oposición a la presencia de algún y todos de los 'buenhechores' estadounidenses en Latino América. Estoy seguro que saben de mis esfuerzos actuales para obtener la retirada voluntaria de todos los ejércitos de voluntarios estadounidenses de Latino América - misionarios, miembros de los Cuerpos de Paz y grupos como el de ustedes, una 'división' organizada para la invasión benevolente de México. Ustedes estaban conscientes de estas cosas cuando me invitaron entre todos los asistentes a ser el orador prinicipal de su convención anual. Esto es asombroso: Solo me queda concluir que su invitación significa una de al menos tres cosas: Algunos de entre ustedes pudieran haber llegado a la conclusión de que la CIASP debería ó disolverse ó bien sacar la promoción de ayuda para los mexicanos pobres de sus propósitos institucionales. Por ello me podrian haber invitado para ayudar a otros a llegr a la misma decisión. También me podrían haber invitado para aprender cómo tratar con las personas que piensan de la misma manera que yo - cómo discutir exitosamente con ellos. Ahora es cosa común que se invite a los portavoces del movimiento Black Power para que se dirijan a los Clubes de Leones. Siempre es necesario incluir a una 'paloma' en la discusión pública organizada para aumentar la beligerancia de los E.U. Finalmente, me podrían haber invitado, esperando que serían capaces de estar de acuerdo con la mayor parte de lo que digo y luego seguir adelante con la buena fé y trabajar durante este verano en los pueblos mexicanos. Esta última posibilidad está abierta solamente para aquellos que no escuchan o que no pueden entenderme. No vine aquí para pelear.

Estoy aqui para decirles y, en lo posible, convencerlos y espero detenerlos de imponerse pretenciosamente sobre los mexicanos. Tengo una profunda fé en la enorme buena voluntad del voluntario estadounidense. Sin embargo, su buena fé se puede explicar usualmente solo mediante una falta abismal de delicadeza intuitiva. Por definición no pueden ayudar siendo, en última instancia, vendedores del "American Way of Life" de la clase media que están de vacaciones, ya que ésta es la única vida que conocen realmente. Un grupo como ésto no pudo haberse desarrollado a menos de que un sentimiento común lo hubiera apoyado: la convicción de que cualquier verdadero americano debe compartir los regalos de Dios con sus compañeros más pobres. La idea de que cada uno de los americanos tiene algo que dar y que siempre tiene permiso, puede y debería darlo, explica cómo se les ocurrió a los estudiantes que pudieran ayudar a 'desarrollarse' a los campesinos mexicanos, pasando unos cuantos meses en sus poblados. Naturalmente, esta convicción sorprendente fué apoyada por los miembros de una orden misionaria que no tendrian razón de ser a menos de que tuvieran la misma convicción - con excepción de una mucho más fuerte. Ha llegado el momento de curar a ustedes de este mal.
Ustedes y los valores que representan son el producto de una sociedad americana de hacedores y consumidores, con su sistema de dos partidos, su sistema escolar universal y su flujo de carros de familia. Son últimada-conscientemente o inconscientemente 'vendedores' para un balet despistador de ideas de democracia, igualdad de oportunidades y la empresa libe entre personas que no tienen la posibilidad de beneficiarse de ellas.
Después del dinero y las armas, el idealista estadounidense es el tercer bien de exportación más grande de los Estados Unidos. Éste aparece en cualquier teatro del mundo: el maestro, el voluntario, el misionario, el organizador de la comunidad, el desarrollador económico y los vacacionistas buenhechores. Idealmente, estas personas definen su rol como el de servicio. En realidad terminan frecuentemente aliviando el daño causado por el dinero y las armas ó 'seduciendo' a los 'subdesarrollados' con los beneficios del mundo de prosperidad y logros.
Tal vez para las personas estadounidenses ha llegado el momento de llevar a casa el conocimiento que el tipo de vida que han elegido no está lo suficientemente vivo como para ser compartido. Ahora debería ser evidente para todos los americanos que los Estados Unidos están metidos en una tremenda lucha por sobrevivir. Los Estados Unidos no pueden sobrevivir si el resto del mundo no está convencido de que aquí tenemos el cielo en la tierra. La sobrevivencia de los Estados Unidos depende de que todos los así llamados 'hombres libres' acepten que la clase media estadounidense 'la hizo'. El tipo de vida de los estadounidenses se ha convertido en una religión que debe ser aceptada por todos aquellos que no quieren morir por la espada - o por el napalm. En todo el mundo, los Estados Unidos lucha para proteger y desarrollar por lo menos una minoría que consume lo que la mayoría estadounidense puede pagar. Este es el propósito de la Alianza para el Progreso de la clase media que los Estados Unidos firmaron con América Latina hace algunos años. Sin embargo, esta alianza comercial a menudo debe ser protegida con armas que permite a la minoría que logra 'hacerla' proteger sus adquisiciones y logros.
No obstante, las armas no son suficiente como para permitir que la minoría gobierne. Las masas marginadas se vuelven agrestes a menos de que se les proporcione un credo o una creencia que explique el estatus quo. Esta tarea le es asignada al voluntario estadounidense - sea éste un miembro de la CIASP o un trabajador del así llamado 'Programa de Pacificación' en Vietnam (u otras partes del mundo). Los Estados Unidos estén involucradas actualmente en una lucha de tres frentes para afirmar sus ideales de una democracia orientada hacia la adquisición y el logro. Digo 'tres' frentes dado que tres grandes áreas del mundo están desafiando la validez de un sistema político y social que hace aún más ricos a los ricos y que margina paulatinamente a los pobres. En Asia, los Estados Unidos están amenazados por un poder establecido: China. Los Estados Unidos se oponen a China con tres armas: Las diminutas élites asiáticas que no podrían tener mejor suerte que una alianza con los Estados Unidos; una inmensa máquina de guerra para detener a los chinos de 'tomar el poder', como se dice comúnmente en este país y; la reeducación forzada de las así llamadas personas 'pacificadas'. Aparentemente, los tres esfuerzos están fallando. En Chicago los fondos para combatir la pobreza, las fuerzas policiacas y los predicadores parecen de no avanzar con sus esfuerzos, constatando la falta de voluntad de la comunidad negra de esperar la integración graciosa al sistema. Finalmente, en América Latina la Alianza para el Progreso ha tenido bastante éxito con respecto al aumento de personas a quienes no podría irles mejor - las diminutas élites de las clases medias - y ha creado condiciones ideales para las dictaduras militares. Anteriormente, los dictadores estaban al servicio de los dueños de las plantaciones, ahora protegen a los nuevos complejos industriales.
Y finalmente, ustedes vienen a ayudar al vencido a aceptar su destino dentro de este proceso! Todo lo que harán en un poblado mexicano será crear el desorden. En el mejor de los casos, pueden intentar a convencer a las chicas mexicanas de que deberían casarse con un joven exitoso, rico, con un cosumidor que padece una falta tan grave de respeto por la tradición como cualquiera de ustedes. En el peor de los casos, con su espíritu de 'desarrollo de la comunidad' crearán los suficientes problemas para que alguien sea matado a tiros de pistola después de que terminen sus vacaciones y de que se apresuren a regresar a sus barrios de clase media donde sus amigos hacen bromas sobre los 'espaldas mojadas'.
Comienzan su tarea sin ningún entrenamiento. Hasta el Cuerpo de Paz gasta alrededor de $ 10,000 por cada miembro del Cuerpo para ayudarle a adaptarse a su nuevo ambiente y para protegerlo del choque cultural. Qué raro que nadie nunca pensó en gastar dinero para educar a los mexicanos pobres para protegerlos del choque cultural de conocerlos a ustedes. De hecho, ni siquiera pueden encontrarse con la mayoría a la que pretenden servir en América Latina - aún si hablaran su idioma, lo que la mayoría de ustedes no es capaz de hacer. Pueden dialogar solamente con aquellos que se parecen a ustedes - imitaciones latinoamericanas de la clase media norteamericana. Para ustedes no hay manera de encontrarse realmente con los subprivilegiados, dado que no existe una base común para que ustedes se encuentren. Permítanme explicar esta declaración y explicar también porqué la mayoría de los latinoamericanos con quienes ustedes podrían establecer una comunicación, estarían en desacuerdo conmigo. Supongan que este verano irían a un gueto estadounidense donde intentarían a ayudar a los pobres de ahí a 'ayudarse ellos mismos'. Pronto les escupirían o se reirían de ustedes. Las personas ofendidas por sus pretenciones los golpearían o les escupirían. Las personas que entienden que la mala consciencia de ustedes los avientan a este gesto estarían riéndose condescendentemente. Pronto se les aclarará su irrelevancia entre los pobres, su estatus de estudiantes universitarios de clase media con una asignatura de verano. Se les rechazaría contundentemente, sin importar si su piel es blanca - como son las caras de la mayoría aqui presente - o morena o negra como algunas pocas excepciones que de alguna manera se infiltraron aquí.
Sus reportes sobre su trabajo en México que me envian tan amablemente sudan auto-complacencia. Sus reportes sobre el verano pasado comprueban que ni siquiera eran capaces de entender que su buenhacer en un poblado mexicano es aún menos relevante de lo que sería en un gueto estadounidense. No solamente hay un abismo entre lo que ustedes tienen y lo que los otros tienen, abismo aún más grande que aquel que existe entre ustedes y los pobres en su propio país. También hay una distancia incomparablemente mayor entre lo que sienten y lo que los mexicanos sienten. Esta diferencia es tan grande que en un poblado mexicano ustedes como americanos blancos (o culturalmente americanos blancos) se pueden imaginar en la misma situación que vivia un predicador blanco cuando ofrecía su vida cuando se dirigía a los esclavos negros en una plantación en Alabama. El hecho de que vivan en chozas y que coman tortillas durante unas cuantas semanas solo hace un poco más pictórico a su grupo bien intencionado. Las únicas personas con quienes pueden aspirar a establecer una comunicación son algunos miembros de la clase media. Y recuerden, por favor, que dije 'algunos' , referiéndome a una diminuta élite en América Latina.
Ustedes vienen de un país industrializado tempranamente que ha logrado integrar a la mayoría de sus ciudadanos a la clase media. En los Estados Unidos el haber terminado el segundo año de la universidad no es ninguna distinción social. De hecho, la mayoría de los americanos tienen ahora este tipo de escolaridad. En este país, cualquiera que no haya terminado la preparatoria es considerado como subprivilegiado. En América Latina, la situación es bastante diferente: el 75 % de la población abandona la escuela antes del sexto año. Consecuentemente, las personas con la preparatoria terminada forman una pequeña minoría. Luego, una minoría de esta minoría continua su educación y se inscribe en alguna universidad. Entre estas personas encontrarán a sus educativamente iguales. Al mismo tiempo, una clase media es la mayoría en los Estados Unidos. En México, es una élite diminuta. Hace siete años, su país comenzó y financió una así llamada 'Alianza para el Progreso'. Fué una 'Alianza' para el 'Progreso' de las élites de la clase media. Ahora bien, entre los miembros de esta clase media encontrarán a las pocas personas dispuestas a pasar su tiempo con ustedes. Y son, coincidentemente, aquellos 'niños buenos' a quienes también les gustaría calmar a sus consciencias agitadas, 'haciendo algo bonito para la promoción de los pobres indígenas'. Naturalmente, cuando ustedes y sus contrapartes mexicanas se encuentren, se les dirá que están haciendo algo valioso, que se están 'sacrificando' para ayudar a los otros. Y será el sacerdote extranjero el que confirmará especialmente la imagen que ustedes tienen de ustedes mismos. Después de todo, su subsistencia y el sentido de su propósito depende de su firme creencia en una misión de año completo del mismo tipo que la misión de verano de ustedes.
Existe el argumento de que algunos voluntarios que regresaron habían obtenido una visión del daño que han hecho a los otros y que, por ello, se convierten en personas más maduras. Sin embargo, se menciona menos frecuentemente que la mayoría de ellos están ridículamente orgullosos de sus 'sacrificios de verano'. Posiblemente también hay algo de cierto en el argumento de que los hombres jóvenes deberían ser promiscuos por una época, para darse cuenta de que el amor sexual es más bello en una relación monógama. O que la mejor manera de liberarse del LSD es intentarlo por un rato. O que la mejor manera de entender que su ayuda en el gueto no es necesaria ni solicitada es intentarla y fallar. No estoy de acuerdo con estos argumentos. El daño que los voluntarios causan involuntariamente, es un precio demasiado alto por reconocer que, en primer lugar, no deberían haber sido voluntarios. Si tienen el menor sentido de la responsabilidad, quédense en casa con sus revueltas. Esperen las siguientes elecciones: Sabrán lo que hacen, porqué lo hacen y cómo comunicar con aquellos con quienes hablan.

Y sabrán cuando fallen. Si insisten a trabajar con los pobres, si esa es su vocación, entonces trabajen con los pobres que les puedan decir que se vayan al diablo. Es increíblemente injusto para ustedes imponerse en un poblado donde ustedes están tan sordos y mudos, lingüisticamente hablando, que ni siquiera entienden lo que están haciendo o qué piensan las personas de ustedes. Y es un daño profundo para ustedes cuando definen algo que quieren hacer como 'bien', 'un sacrificio' o 'ayuda'. Estoy aquí para sugerirles que renuncien voluntariamente a ejercer el poder que tienen por ser americanos. Estoy aquí para recomendarles de renunciar consciente, libre y humildemente al derecho legal que tienen de imponer su benevolencia a México. Estoy aquí para desafiarlos a reconocer su incapacidad y su falta de poder para hacer el 'bien' que intentan hacer. Estoy aquí para recomendarles usar su dinero, su estatus y su educación para viajar en América Latina. Vengan a ver, vengan a escalar nuestras montañas, disfruten nuestras flores. Vengan a estudiar. Pero no vengan a ayudar."
(20 de Abril del 1968)
Traducción:ondamultimedia
Gracias a Nick Royal, Tim Stanton, and Steve Babb.
Fuente: The Service Learning Reader:
Reflections and Perspectives on Service available through the National Society for Internships and Experiential Education (now known as the National Society for Experiential Education)

Fallecio el antropologo Jan De Vos



Las malas noticias se parecen bastante, después de la muerte de Mgr Samuel Ruiz, y la de Felipe Toussaint, nos enteremos este domingo 24 de julio, de la muerte del antropólogo belga, Jan De Vos, de un paro cardiaco a 75 años. Paso sus 38 últimos anos viviendo en Chiapas, fue integrante del CIESAS (Centro de Investigaciones y de Estudio Superiores en Antropología Social) desde 1987, y su bibliografía es considerada como el trabajo histórico lo más completa y detallada sobre Chiapas, desde la época prehispánica
Participo en las discusiones de los Acuerdos De San Andrés Larrainzar, como asesor invitado por el EZLN, en sus negociaciones con el gobierno federal en 1995.
Vino en Chiapas en 1973 en el marco de una misión religiosa. Adepto de la teología de la liberación, fue autor de varios libros:
*La Paz del Dios y del Rey : la Conquista de la Selva Lacandona, 1525-1821 (La paix du dieu et du roi : la conquète de la jungle lacandone, 1525 - 1821)
*Oro verde : la Conquista de la Selva Lacandona por los Madereros Tabasqueños, 1822-1949 (L'or vert : la conquète de la jungle lacandone par les marchands de bois du Tabasco, 1822-1949)
*Una Tierra Para Sembrar Sueños : Historia Reciente de la Selva Lacandona, 1950-2000 (Une terre pour semer des rêves : une histoire récente de la jungle lacandone, 1950-2000)
*Las fronteras de la frontera sur (Les frontières de la frontière sud), CIESAS - Universidad Juarez Autonoma de Tabasco, Villahermosa, Tabasco, México, 1993

Mort de l'historien Jan De Vos



Les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent, après la mort de Samuel Ruiz, puis celle de Philippe Toussaint, nous venons d'apprendre ce dimanche 24 juillet le décès de l'anthropologue Belge Jan De Vos d'un arrêt cardiaque à l'âge de 75 ans. Il passa ces 38 dernières années à vivre au Chiapas, il fut intégrant depuis 1987 du Centre de Recherches et d'Etude Supérieures en Anthropologie Sociales (CIESAS), et sa bibliographie est considérée comme le travail historique le plus complet et le plus détaillé sur le Chiapas, depuis l'époque préhispanique jusqu'à aujourd'hui.


Il avait participé aux discutions des accords de San Andrés Larrainzar, comme conseiller invité par l'Armée Zapatiste de Libération Nationale, dans les négociations avec le gouvernement fédéral en 1995.

Il était venu au Chiapas en 1973 dans le cadre d'une mission religieuse, qu'il quitta rapidement. Adepte de la théologie de la libération, il est l'auteur de plusieurs écrits:

*La Paz del Dios y del Rey : la Conquista de la Selva Lacandona, 1525-1821 (La paix du dieu et du roi : la conquète de la jungle lacandone, 1525 - 1821)
*Oro verde : la Conquista de la Selva Lacandona por los Madereros Tabasqueños, 1822-1949 (L'or vert : la conquète de la jungle lacandone par les marchands de bois du Tabasco, 1822-1949)
*Una Tierra Para Sembrar Sueños : Historia Reciente de la Selva Lacandona, 1950-2000 (Une terre pour semer des rêves : une histoire récente de la jungle lacandone, 1950-2000)
*Las fronteras de la frontera sur (Les frontières de la frontière sud), CIESAS - Universidad Juarez Autonoma de Tabasco, Villahermosa, Tabasco, México, 1993

domingo, 14 de agosto de 2011

Le nombre de migrant augmente à Arriaga



Des milliers de centroaméricains sont partis de la municipalité d'Arriaga, Chiapas, à travers du train de marchandise samedi dernier, où l'on a pu constater que c'était l'un des jours de plus grande affluence!

Alors qu'était observée une baisse considérable du nombre de migrants dans la municipalité d'Arriaga, samedi dernier fut historique, des milliers de centroaméricains se réunirent sur les voix, en espérant la sortie de la bête de fer, où des hommes, des femmes et des enfants se trouvaient sur la partie supérieure des wagons.

Selon les machinistes, dès les premières heures de la journée on observait des centaines de documents, sans papiers, dans la ville, certains demandant un soutien économique, des vêtements et des aliments pour tenir le temps de la traversée la plus dangereuse, jusqu'à Oaxaca. Durant le trajet ils ont souffert de nombreuses agressions et rapts par la délinquance organisée.

Nombre d'entre eux ont visité l'auberge des migrants, tenu par le père Heyman Vazquez Medina, ainsi que les bureaux des consulats qui sont au bord des voix du chemin de fer, où ils ont été reçus avec des aliments et orienter sur les possibles risques qu'ils courraient.

« Les migrants se confrontent à de multiples risques »: Heyman Vazquez

Des risques d'agressions, d'abus, de rapt, recrutement forcés et homicides: ceci est le scénario dont ont été victimes des milliers de migrants sans papiers qui cherchaient à aller aux Etats Unis à travers la frontière avec le Mexique, explique Heyman Vazquez Medina, directeur de l'auberge du migrants "lieu de la miséricorde", qui se situe dans la municipalité d’Arriaga.

Le père Heyman Vazquez, a dit que depuis octobre 2004, lors de l'ouverture de l'auberge pour proposer aux migrants, logement, alimentation et appui spirituel et information sur les dangers du chemin, il a vu s'empirer la situation de vulnérabilité.

Il raconte qu'il y a approximativement 4 ans ils ont commencé à collecter les premiers témoignages sur les groupes de délinquance organisée au Mexique qui réalisaient des rapts et des homicides massifs comme celui de Tamaulipas en aout dernier. « Nous savons ce qui nous attend mais nous continuons en avant »

"Nous sommes sortis le 28 mai de notre pays pour faire un futur, pour aider à notre famille, pour aider nos enfants. Notre objectif est d'arriver aux Etats Unis alors que là-bas ils ne nous veulent pas. Nous savons les dangers mais nous demandons à Dieu qu'il nous protège", expliquent les migrants alors qu'ils attendent dans l'auberge des mirgants la sortie du train.

Roberto Natarén Perin, 23 ans, de San Pedro Sula, Honduras, est depuis 3 ans migrant. Il est sorti de son pays en 2008, il dit qu'il est arrivé trois fois aux Etats Unis où il a été déporté et enfermé six mois au Texas pour récidive à entrer dans ce pays de forme illégale.

Ce samedi 25 a été l’un des pires en nombre de migrant prenant le train.

Aumentan Flujo de migrantes en Arriaga



Miles de centroamericanos partieron del municipio de Arriaga, a través del tren carguero el pasado sábado, en donde se pudo apreciar que fue uno de los días de mayor número de afluencia.
A pesar que se tenía contemplado que el número de migrantes había bajado considerablemente en el municipio de Arriaga, el pasado sábado fue histórico, pues miles de centroamericanos se reunieron en las vías, esperando la salida de la bestia de hierro, donde hombres, mujeres y niños se encontraban en la parte alta de los vagones.

Según los mismos maquinistas, desde muy temprana hora se observó como cientos de migrantes indocumentados se encontraban en la ciudad, algunos pidiendo apoyos económicos, ropa y alimentos, para aguantar la travesía más peligrosa, que es la de Oaxaca, lugar donde han sufrido asaltos y secuestros por parte de la delincuencia organizada.

Muchos de estos visitaron la casa albergue del migrante, atendidos por el párroco Heiman Vázquez Medina, así como de las oficinas de los consulados que están en las orillas de las vías, donde han sido atendidos con alimentos y orientados sobre los posibles peligros que atraviesan.

Migrantes enfrentan múltiples riesgos: Heyman Vázquez

Riesgos de asaltos, abusos, secuestros, reclutamientos forzados y homicidios: este es el escenario que en este 2011 enfrentarán los miles de migrantes indocumentados que buscan llegar a Estados Unidos a través de la frontera con México, expuso Heyman Vázquez Medina, director de la Casa del Migrante Hogar de la Misericordia, ubicada en el municipio de Arriaga.

El sacerdote Heyman Vázquez, integrante de la Pastoral de la Movilidad Humana de la Iglesia Católica en México, dijo que desde octubre de 2004, en que abrió el albergue para proporcionar a los migrantes hospedaje, alimentación, apoyo espiritual e información respecto a los peligros del camino, ha visto agudizarse la situación de vulnerabilidad.

Narró que fue hace aproximadamente cuatro años cuando empezaron a recopilarse los primeros testimonios sobre grupos dedicados a la delincuencia organizada en México que realizaban secuestros y homicidios masivos, como el de Tamaulipas en agosto pasado.
Sabemos lo que nos espera, pero seguimos adelante

“Salimos el 28 de mayo de nuestro país para hacer un futuro, para ayudar a nuestra familia, para mantener a los hijos. Nuestra mira es llegar a Estados Unidos aunque allá no nos quieren. Sabemos de los peligros pero le pedimos a Dios que nos proteja”, explican mientras esperan en la Casa del Migrante de Arriaga la salida del tren.

Roberto Natarén Perin, de 23 años de edad, de San Pedro Sula, Honduras, lleva tres años como migrante. Salió de su país en 2008, dice que ha llegado tres veces a Estados Unidos, de donde ha sido deportado y encarcelado seis meses en Texas por reincidir en adentrase a ese país de forma ilegal, pero dice que no le importa las veces que lo detengan: “Aquí no tengo familia, sólo quiero vivir allá de por vida” concluyó.