miércoles, 17 de septiembre de 2014

Bachajon (fr)

***en construction***
 Retrouvez ci-dessous l'article de Guillaume Goutte publié dans Le Monde Libertaire
http://www.monde-libertaire.fr/international/14529-letat-du-chiapas-toujours-et-encore-en-guerre-contre-lautonomie-lautre-campagne-en-lutte-a-bachajon

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Les enjeux du conflit à San Sebastián Bachajón
Dans la zone d’Agua Azul, où se trouve San Sebastián Bachajón – ejido 3 adhérent à l’Autre Campagne – le gouvernement du Chiapas souhaite réaliser un grand projet dit « éco-touristique », qui consiste principalement à construire une autoroute allant de San Cristobal de Las Casas à Palenque, un barrage hydroélectrique sur les cours d’eau d’Agua Azul, Tulijá et Bascán et un Centre intégralement planifié Palenque (en bref, un énorme complexe touristique). Mais pour réaliser pareilles ambitions, les autorités mexicaines ont besoin d’exploiter à leur compte l’ejido de San Sebastian Bachajón. Depuis, elles essaient, par tous les moyens, d’exproprier les indigènes vivant et exploitant ces terres : 



intimidations policières, répressions systématiques des actions dénonçant ce projet écotouristique, expulsions forcées, etc.
Face à cela, les habitants de San Sebastián Bachajón, qui refusent de se voir exproprier ainsi sans ne rien faire, veillent sur leurs terres via un petit guichet à l’entrée des magnifiques cascades d’Agua Azul, dont la beauté n’est pas sans exciter l’appétit touristico-économique de l’État. C’est donc un nouveau bras de fer entre les indigènes et l’État chiapanèque – et, à travers lui, le gouvernement mexicain – qui sévit à San Sebastián Bachajón. Mais derrière ce bras de fer, outre la réussite ou l’échec du projet éco-touristique, il y a aussi, et surtout, la question du respect de l’autonomie et de la libre autodétermination des villages indigènes sur les affaires les concernant, parmi lesquelles la gestion et le plein contrôle de leurs territoires. Cette autonomie que les autorités mexicaines ont toujours refusée et qu’elles ne cessent de harceler pour la supprimer.
Les événements de février 2011
Le 2 février 2011, des priistes et des groupes paramilitaires – tous soutenus par l’État chiapanèque – attaquent le guichet d’entrée. Le 3 février, nombre d’habitants de San Sebastián Bachajón, adhérents à l’Autre Campagne, se réunissent à l’entrée des cascades pour discuter des réponses à donner au gouvernement suite à cette attaque. Mais la réunion est de courte durée : des policiers fédéraux et des militaires débarquent, dispersent violemment le rassemblement et procèdent à « des arrestations massives 4 ». Au total, 117 personnes sont arrêtées, de la façon la plus arbitraire qui soit.
Deux jours après, le 5 février, sur les 117 arrêtés, 107 sont libérés. Les dix autres sont transférés à la prison de Playas de Catazajá pour « homicide volontaire, tentative d’homicide, attentat contre la paix, l’intégrité corporelle et le patrimoine de l’État 5 ». Face à cette incarcération, l’Autre Campagne de Bachajón se mobilise pour obtenir leur libération immédiate.
Le 12 février, cinq agents de l’État se présentent à San José en Rebeldía pour proposer la liberté des prisonniers en échange de l’acquisition définitive et effective de l’accès et du contrôle du guichet d’entrée aux cascades, ce qui ne fait que confirmer l’idée que les arrestations du 3 février n’étaient qu’un moyen de pression sur les habitants en lutte de Bachajón. La négociation échoue, et l’Autre Campagne poursuit sa lutte pour la libération de leurs compagnons. Cette persévérance porte ses premiers fruits début mars où, entre le 3 et le 5, cinq prisonniers sont finalement remis en liberté.
Les 7 et 8 mars, pour obtenir la libération des cinq derniers compagnons enfermés, l’Autre Campagne décide de bloquer la route Palenque-Ocosingo à San José en Rebeldía, occupation qui sera diabolisée par les grands médias officiels à la botte du gouvernement.

Le 8 avril, 600 habitants de Bachajón reprennent le contrôle du guichet d’entrée aux cascades. En fin de matinée, des policiers fédéraux et des militaires arrivent sur les lieux. à minuit, ils sont plus nombreux que les occupants. Le lendemain matin, le 9 avril, les policiers tirent en l’air, sans aucune autre précaution, et commencent à expulser, toujours avec autant de violence, les occupants. Inquiets pour les enfants présents et les personnes âgées, les résistants de Bachajón décident de se retirer. Le bilan de cette répression matinale laisse cependant présager le pire : trois personnes sont portées disparues, et, depuis, personne n’a de nouvelles…

À ce jour, il reste donc encore cinq compagnons enfermés dans les geôles mexicaines : Mariano Demeza Silvano (âgé de 17 ans), Domingo Pérez Álvaro, Domingo García Gómez, Juan Aguilar Guzmán et Jerónimo Guzmán Méndez. Aux dernières nouvelles, leur incarcération serait, comme l’on pouvait aisément s’en douter, des plus difficiles. Dans une lettre envoyée à l’Autre Campagne, ils disaient être « fatigués des mauvais traitements. Parce qu’ils nous donnent à manger qu’une fois par jour, très peu d’eau, et nous sommes tombés malades à cause de la mauvaise nourriture qu’ils nous donnent et ils ne nous donnent aucun médicament. Et à l’heure des visites familiales, ils n’autorisent pas qu’on nous apporte des aliments et ils fouillent nos proches en les faisant se déshabiller. Pour cette raison, depuis ce pénitencier, nous faisons cette dénonciation publique, que vous puissiez continuer à nous soutenir, et de l’énergie pour la lutte et nous, nous sommes debout dans ce combat pour défendre nos terres pour notre futur, et pas pour le gouvernement 6 ».
Et, afin d’obtenir leur libération dans les plus brefs délais, et pour préserver les terres, l’Autre Campagne n’est pas près de lâcher l’affaire. Pour elle, la lutte continue et continuera. Et, pour le coup, laissons-lui le dernier mot de cet article : « Afin que le gouvernement comprenne bien qu’ici c’est un territoire autonome et pas un endroit pour les projets des transnationales, nous allons défendre nos terres et nos ressources sans se soucier des conséquences, et si nous devons mourir pour cela, il en sera ainsi. Nous sommes dignes, nous sommes les propriétaires originels et légitimes de ces terres, héritage de nos ancêtres. Pour cette raison, nous avons décidé de suspendre l’activité [de blocage de route] que nous étions en train de réaliser et nous allons chercher d’autres alternatives plus dures, afin de continuer à exiger la liberté inconditionnelle de nos compagnons prisonniers politiques. 7 » 

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