viernes, 7 de abril de 2017

Le Conseil indigène de Gouvernement


Les expériences collectives d'autonomie, issues des résistances et rébellions que nous sommes, nous ont enseigné qu'exercer l'autonomie dans les faits n'est pas seulement une décision conséquente avec la lutte d'en-bas que nous avons maintenu, depuis ce que nous sommes, sans vendre les objectifs etles justes causes de la lutte, sans nous rendre, malgré les embûches, la répression et la spoliation qui n'en finissent pas, malgré la disqualification et la division. Sans abandonner ni nous reposer, car cela équivaudrait à attendre notre mort collective.

Ces résistances et ces révoltes prennent sur chacun de nos territoires la forme de gouvernements propres, de travaux collectifs, de nos propres formes de sécurité et de justice, d'agriculture et de défense des cultures traditionnelles, de formes propres d'éducation et de communication. Ces modes de consensus, d'accords et de propositions civilisatrices régies par les 7 principes qui nous gouvernent  et qui offrent une réponse précise aux graves problèmes dont se plaignent non seulement nos régions mais le pays tout entier, les peuples paysans non indigènes, les sociétés des villes, c'est notre proposition à la nation entière.




La lutte du Conseil National Indigène est en bas, à gauche et anticapitaliste. En ces temps où l'hydre capitaliste avance et dévore tout ce qui est à sa portée, nous avons décidé que le temps des peuples était arrivé pour faire vibrer ce pays avec le battement du coeur de notre terre-mèreParce que protéger la vie et la dignité est notre obligation, à laquelle nous ne pouvons répondre que collectivement.


Lors du V° Congrès National Indigène qui s'est tenu au mois d'octobre nous avons décidé de mener à bien une consultation de tous les peuples qui intègrent le CNI. Nos communautés devaient décider si elles acceptaient la proposition émanée du CNI de former un Conseil Indigène de Gouvernement dont la parole serait matérialisée par une femme indigène, déléguée du CNI, comme candidate indépendante pour lutter au nom des peuples membres du CNI et de la société civile lors des élections présidentielles de 2018. Le résultat de la consultation en décembre 2016 a été l'approbation de la proposition avec la participation de 523 communautés provenant de 25 états du pays et représentant 43 peuples indigènes. 

Nous confirmons que notre lutte n'est pas pour le pouvoir, nous ne le recherchons pas; nous appelons bien plutôt les peuples originaires et la société civile à nous organiser pour stopper cette destruction et renforcer nos résistances et nos révoltes, c'est-à-dire défendre la vie de chaque personne, de chaque famille, collectif, communauté ou quartier. Ne confondons pas, nous ne prétendons pas rivaliser avec les partis politiques car nous ne sommes pas comme eux, nous ne sommes pas leurs paroles mensongères et perverses. Nous sommes la parole collective d'en-bas et à gauche, celle qui secoue le monde quand la terre tremble avec les autonomies pour épicentres. 

Raison pour laquelle lors de la prochaine assemblée du Congrès National Indigène au mois de mai à San Cristobal de las Casas, Chiapas, les peuples qui intégrons le CNI, nous constituerons le Conseil indigène de Gouvernement (CIG), dans le cadre des accords pris en décembre 2016. 

Le CIG sera régi par les 7 principes du CNI: Servir et non se servir, construire et non détruire, obéir et non commander, proposer et non imposer, convaincre et non vaincre, descendre et non monter, représenter et non usurper.  


Le CIG sera formé de conseillers, une femme et un homme de chaque langue des différentes régions où se trouvent les peuples, tribus et nations qui conforment le CNI. Conseillers qui seront élus selon les us et coutumes, en assemblées et/ou espaces de décision, qui assumeront l'engagement de participer activement à cet espace et de faire part à leurs assemblées des propositions et actions émanant du CIG. 


Le CIG ne désignera pas une candidate mais une porte-parole. Une femme indigène, parce que c'est elle qui a été discriminée, humiliée, violentée, la plus pauvre des pauvres pour le simple fait d'être femme. La femme indigène qui, durant des siècles, a non seulement vécu la violence de ce système capitaliste, mais aussi celle du patriarcat qui lui a imposé des lieux de silence, sans voix ni vote, dans sa maison et dans sa communauté, l'obéissance au mâle, la négation de décider de sa propre vie et sur son propre corps. Surexploitée, sans aucun salaire, d'un travail qui ne termine jamais car elle est la première levée et la dernière à dormir. Parce que c'est elle aussi qui a porté le plus lourdementavec le plus de douleur, ses proches assassinés, disparus;parce que c'est elle a vécu dans sa propre chair la violence et l'abus jusque dans son corps et sa sexualité dans le cadre de cette guerre d'extermination. 

Une femme indigène qui parle sa langue, parce qu'elle est gardienne de la sagesse de sa culture, de la protection de sa famille, de la protection de son peuple. Gardienne et porteuse de vie et de notre terre-mère. La fille au coeur de couleurs, celle qui sème l'espoir pas à pas, celle qui construit la vie avec les autres, celle qui nettoie et assainit les coeurs de la haine et du pouvoir. Celle qui tresse dans sa chevelure la mémoire du peuple. 

Une femme indigène qui parle la langue et qui soit du CNI, parce qu'elle a de la dignité, parce qu'elle sait lutter avec les autres, parce qu'elle sait écouter les paroles et les coeurs, parce qu'elle sait tisser l'unité avec amour, courage et détermination. 

C'est elle qui sera la personne qui se présentera pour être enregistrée par l'Institut National Electoral. Elle qui portera la voix du Conseil Indigène de Gouvernement auprès de tout le pays et du monde entierElle qui portera la voix des peuples et de la société civile. Elle qui sera nous tous, nous toutes.



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